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Violences sexuelles, physiques et psychologiques

Des expériences de violences sexuelles, physiques et psychologiques répétées et importantes ont des conséquences assez semblables. Ces conséquences sont particulièrement graves pour le développement des victimes, elles varient cependant et ne sont pas homogènes d’un enfant à un autre. Ce sont des conséquences qui peuvent avoir, à court ou long terme, de sévères répercussions physiques, psychologiques et sociales chez la victime. Ces répercussions sont multiples et peuvent perdurer tout au long de la vie avec des effets néfastes sur la santé, l’éducation puis par la suite l’emploi voire entraîner un comportement criminel des victimes.

Les conséquences affectent donc le développement de l’enfant qui est victime de violences, elles provoquent en lui des sentiments et comportements nouveaux et souvent destructeurs.

 

Le développement de l’enfant :

Les violences sexuelles, physiques et psychologiques compromettent la capacité de l’enfant à développer des relations de confiance avec ses proches ou à développer sa confiance en soi. Durant l’enfance, ce sont les parents qui sont responsables de développer la faculté de l’enfant à être en confiance.

 

Le psychologue germano-américain Erik Erikson (voir point culture) explique dans sa théorie du développement psychosocial, que le développement de l’enfant se fait en plusieurs étapes et que la première de ces étapes, qui s’étale entre 0 et 18 mois, est l’étape du développement de la confiance.

Lors de cette étape, le jeune enfant, incapable de répondre lui même à ses besoins physiologiques et psychologiques, est obligé de se tourner vers ses parents. Plus la façon de le materner est satisfaisante, plus l’enfant se fiera aux personnes qui apportent des réponses appropriées à ses besoins. Cette confiance est l’élément permettant à l’enfant de prendre les risques nécessaires pour franchir les étapes suivantes de son développement. Cependant, la confiance que l’enfant a pu développer est fortement compromise s’il est victime de violences dès son plus jeune âge. Il ne sera alors plus en capacité de faire confiance à ses parents, qui sont ses agresseurs, mais aussi à ses proches, qui n’ont pas été capables de le protéger. L’enfant grandit alors avec un fort manque de confiance, et en soi, et en les autres, il se retrouve donc souvent seul face à ses agresseurs et n’est pas capable de se défendre lui-même.

 

L’estime et la confiance en soi sont apportées par le regard bienveillant des parents. L’enfant a besoin de sentir qu’il a de la valeur à leurs yeux, grâce à l’affection et l’attention qui lui seront portées. Lorsqu’un enfant est victime d’abus, il ne parvient pas à avoir une estime de lui-même, étant constamment rabaissé et critiqué par le parent agresseur. L’enfant, de par les mauvais traitements qui lui sont infligés, conclut alors qu’il est sans valeur.

Le sentiment d’estime personnel est également difficile à développer dans une situation où l’enfant est contraint à ne pas exprimer ses émotions et ses besoins. Dans des situations de violences, l’enfant est considéré par les parents comme un objet, n’ayant pas la capacité de s’opposer à ce que demande le parent (actes sexuels) ou aux abus physiques et psychologiques. L’enfant apprend alors vite qu’il est dangereux pour lui d’avoir des émotions ou des réactions aux violences qu’il subit, souvent amplifiées s’il les exprime.

Dans ces situations, c’est “le droit d’existence” de l’enfant qui est remis en cause. A ses yeux, ses émotions ne méritent même plus d’être exprimées.

Les traumatismes de violences sont des traumatismes importants, constamment présents dans l’esprit de l’enfant, ce qui l’empêche également de s’investir dans les apprentissages scolaires. Les angoisses liées aux violences subies sont souvent trop fortes pour que l’enfant n’y pense plus lorsqu’il est à l’école. Ces angoisses, accompagnées du gros manque de confiance que peut avoir un enfant qui a été constamment rabaissé pendant son enfance, sont des éléments compromettant son avenir professionnel, il est souvent difficile pour ces enfants de terminer un programme d’études secondaires ou avancées.

L’enfant victime de violences est isolé pendant de nombreuses années de sa vie ce qui nuit considérablement à son adaptation sociale. Certains enfants n’ont que très peu de contacts avec d’autres enfants, ils n’apprennent de ce fait pas comment s’intégrer dans des groupes ou encore quel comportement adopter pour se faire apprécier.

Les conséquences des violences portent également sur le plan sexuel. Une personne ayant subi des violences sexuelles fortes et répétées pendant son enfance fait preuve de différents problèmes pour son épanouissement sexuel. En effet il existe deux possibilités.

 La première possibilité est une vie sexuelle particulièrement appauvrie. Il est difficile pour quelqu’un pour qui sexualité équivaut à être abusé ou dominé de vivre un échange amoureux dans le plaisir. En effet, on lui a retiré dès son plus jeune âge la possibilité de vivre une relation amoureuse en toute innocence en ne le laissant pas découvrir lui-même la sexualité. L’enfant abusé par un adulte apprend à se placer dans une position passive, il se met à la disposition de son agresseur, ce sont des pratiques qui ont du mal à disparaître même avec le temps.

 La seconde possibilité est une vie sexuelle hyper stimulée voire délinquante. En effet, certains enfants initiés à la sexualité, de façon prématurée et malsaine, en deviennent dépendants en grandissant. On observe de nombreux cas de jeunes tombant dans la prostitution ou le proxénétisme. Leur sexualité n’est pas satisfaisante ou épanouissante, elle respecte le rapport de force qui leur a été enseigné durant leur enfance. Ces personnes sont incapables de vivre des relations égalitaires ou respectueuses.

 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les sentiments destructeurs :

Certains sentiments qui sont généralement passagers chez l’être humain peuvent s’installer en permanence chez les personnes abusées. On peut notamment relever un sentiment de honte, de culpabilité, de solitude ou encore d’insécurité angoissante.

 

  • La honte :

L’enfant éprouve de la honte lorsqu’il réalise que les sévices dont il est victime ne sont pas normaux et qu’il n’a pas de moyen de faire cesser ces abus avec lesquels il n’est pas en accord. Cette honte perdure même à l’âge adulte, la honte de ne pas avoir été capable d’empêcher ces événements de se produire.

L’enfant garde tout cela en lui sous la forme d’un secret, parfois à la demande menaçante de son agresseur. Mais pour un enfant, garder un tel secret en soi, l’enferme en quelque sorte dans un silence qui emprisonne une partie de sa vie actuelle et future ; ce qui nuit considérablement à sa vitalité.

 

  • La culpabilité :

Dans de nombreux cas, l’enfant n’a pas conscience que l’adulte agresseur est responsable des comportements abusifs ; l’adulte accuse souvent l’enfant ce qui contribue fortement à mettre l’enfant dans le doute.

L’enfant maltraité ressent un fort sentiment de culpabilité, il se demande sans cesse ce qu’il a fait pour mériter un tel traitement et finit souvent par croire qu’il le mérite en acceptant les insultes prononcées par l’agresseur et en acceptant le fait qu’il a sûrement une déficience physique ou psychologique qui explique pourquoi il est traité ainsi. Il se sent coupable d’être la personne qu’il est.

Beaucoup d’adultes, ayant subi des violences durant leur enfance, continuent de vivre avec ce sentiment de culpabilité, ils continuent de s’accuser eux-mêmes d’avoir vécu ça et de ne pas avoir su faire en sorte que cela prenne fin.

 

  • La solitude et l’insécurité :

L’enfant maltraité est renié et rejeté par son propre parent, il plonge alors dans la solitude et l’insécurité. Il se sent seul, vulnérable, n’a personne sur qui compter et vit souvent dans un état de stress continuel à l’idée de ce que l’on va encore lui infliger lorsqu’il rentrera de l’école par exemple.

Les adultes, ayant été maltraités, sont incapables de retrouver la paix et leur sérénité intérieure, car ils sont constamment en train d’essayer de fuir ce sentiment de solitude angoissante. Ces personnes ne peuvent pas rester inactives, elles fuient leurs souvenirs et leurs émotions passées. Souvent elles ne sont même pas conscientes de ce qu’elles sont en train de fuir. A la longue une attitude comme celle là est particulièrement épuisante.



 

Les comportements adoptés :

L’être humain possède des mécanismes de défense afin de lutter contre les situations capables de mettre en péril son équilibre. Les enfants victimes d’abus développent des mécanismes de survie particulièrement utiles qui empêchent une trop grande désorganisation de la personne. Il est important qu’ils se libèrent de ces mécanismes une fois arrivés à l’âge adulte, cela pourrait compromettre leur épanouissement personnel.

Le plus souvent les enfants victimes de violences sexuelles, physiques ou psychologiques développent des comportements comme une dépersonnalisation, une dissociation de leur corps et ils se mettent souvent au service d’autrui.


 

  • La dépersonnalisation :

La dépersonnalisation est un symptôme psychologique. C’est un mécanisme de protection développé par l’esprit, lorsque la personne est victime d’une anxiété qui devient insupportable.

Il est question d’un trouble de la perception de soi, l’individu perd le sentiment de sa propre réalité physique et mentale. Souvent les enfants abusés s’inventent une famille ou un parent imaginaire. Ils vivent dans l’illusion d’être aimés et entourés d’affection, ils ne veulent plus appartenir à la réalité.

 

  • La dissociation du corps :

Ce mécanisme de survie est développé lorsque la souffrance devient insurmontable. Il y a une dissociation entre ce que ressent le corps et la façon dont l’esprit va l’interpréter afin de ne plus ressentir de douleur. La dissociation du corps constitue une fuite de la réalité et non pas une forme d’adaptation saine. Il est important pour l’enfant grandissant de faire face à la réalité afin d’être réellement capable de répondre à ses besoins physiques et affectifs.

 

  • Se mettre au service d’autrui :

Un grand nombre d’enfants victimes d’abus se mettent au service des autres, souvent en reniant leurs propres besoins, afin d’être aimé. C’est un comportement intimement lié à leur absence d’estime de soi.

Les enfants vont ressentir un grand besoin d’être reconnu par les autres, besoin qui a de grandes chances d’être préservé dans leur vie future. Ces personnes se forceront alors à se surmener notamment au travail pour être reconnues de leur supérieur, quitte à mettre de côté leurs besoins et leurs limites. A l’extrême, cela peut conduire à un fort épuisement ainsi qu’à une dépression.


 

Conclusion :

L’enfant victime de violences sexuelles, physiques ou psychologiques particulièrement fortes et répétées pendant plusieurs années fait difficilement confiance à son entourage, car il n’a pas trouvé pendant son enfance un parent capable de le soutenir ou de le protéger. Il a appris à renier sa propre existence en se taisant et en n’exprimant aucune émotion ou réaction par crainte de son agresseur, ce qui fait de lui quelqu’un de très mal équipé pour affronter les défis de sa vie future, au cours de laquelle il accumulera plus d’échecs que de succès dans la plupart des domaines de son développement.

L’enfant abusé connaît différents sentiments assez destructeurs, il ressent souvent une forte honte et de la culpabilité et est plongé dans une solitude profonde accompagnée d’un fort sentiment d’insécurité, ces sentiments perdurent à l’âge adulte.

Il développe alors sans le vouloir des comportements de survie en reniant qui il est et en s’accrochant à l’imaginaire ce qui lui permet de vivre une autre vie dans sa tête et de surmonter la douleur. Ces comportements ne constituent qu’une fuite de la réalité et non une véritable solution aux problèmes de violences. Il peut également chercher une extrême reconnaissance de la part de son entourage en donnant le meilleur de lui-même quitte à sacrifier ses besoins.

 



 

 


 

Négligence

La négligence est une forme de maltraitance qui a des conséquences dramatiques pour la vie actuelle mais également future de l’enfant.

En effet les traumatismes qui ont lieu pendant la petite enfance laissent des lésions au cerveau et la négligence affective est un élément qui altère durablement le développement du système nerveux mais également la capacité à s’imprégner des rituels d’interaction qui permettent la vie en communauté. On retrouve chez les personnes victimes de négligence durant leur enfance des problèmes d’adaptation sociale ainsi qu’une représentation négative d’eux-mêmes. Ces personnes font preuve d’un gros manque de confiance en eux, de sentiments très forts de tristesse, de troubles de l’attachement affectif ou encore d’anxiété et d’irritabilité. La négligence qu’ils ont subie met donc en péril leur épanouissement sur le plan social ; lorsqu’un enfant n’a pas les supports identificatoires que sont censés être ses parents, il peut manifester une souffrance telle qu’il est capable de tomber en dépression aussitôt dans sa vie. Les enfants négligés sont également exposés à une morbidité physique ainsi qu’à des risques de mortalité, de par le manque de soins médicaux qui leur sont procurés.

On observe d’autres problèmes comportementaux, notamment au niveau scolaire, le développement cognitif est mis en péril et il y a possibilité que l’enfant soit victime d’un retard intellectuel ou d’un faible rendement intellectuel.

Si la négligence perdure, il est très fréquent que l’enfant connaisse à partir de l’adolescence des comportements agressifs ou délinquants. Il va alors adopter des conduites addictives, des comportements à risque, son état peut s’aggraver menant parfois jusqu’aux tentatives de suicide. Si l’enfant adopte de tels comportements, c’est souvent parce qu’il essaye de contenir sa tristesse et son malaise en lui. Il essaye de combler un manque, il est en fait à la recherche de supports affectifs qu’il essaye de compenser à l’aide de substituts matériels comme l’alcoolisme, la drogue ou les médicaments.

La négligence peut parfois également causer des problèmes psychiatriques chez l’enfant arrivé à l’âge adulte.




 

 


 

Syndrome de Münchhausen par procuration

Le syndrome de Münchhausen par procuration a différentes conséquences pour l’enfant, à court et long terme.

En effet à court terme, l’enfant doit subir les techniques du parent qui simulent une maladie. Certaines de ces techniques sont dangereuses, on peut notamment relever le fait de causer volontairement une crise d’épilepsie mais aussi les risques d’intoxication, d’infection ou de troubles métaboliques pouvant être mortels. L’enfant est donc soumis à des risques somatiques graves. Il y a également des risques d’accidents iatrogènes car les enfants subissent des traitements médicaux inappropriés la maladie étant fictive, on peut citer par exemple des traitements chirurgicaux injustifiés voire dangereux, la pose de cathéters veineux, des ponctions lombaires, etc.

A long terme, l’enfant peut avoir des séquelles dues à des interventions chirurgicales ou des séquelles psychiques et un retard scolaire considérable liés aux hospitalisations fréquentes et traumatisantes. L’enfant peut garder la conviction d’être authentiquement malade, ou avoir un sérieux retard mental.

 



 

La maltraitance que subit un enfant se retrouve parfois dans sa façon d’éduquer ses propres enfants une fois arrivé à l’âge adulte. En effet les parents ayant été battus ou victimes d’abus pendant leur enfance deviennent dans certains cas eux-mêmes des parents violents et maltraitant leurs enfants.


 

 

 

 

LEXIQUE :

Morbidité : Caractère relatif à une maladie.

Métabolisme : Ensemble des processus complexes et incessants de transformation de matière et d’énergie par la cellule ou l’organisme.

Somatique : Qui se rapporte au corps.

Iatrogène : Se dit d'un trouble, d'une maladie provoqués par un acte médical ou par les médicaments, même en l'absence d'erreur du médecin.

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