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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est une institution spécialisée de l’ONU (Organisation des Nations Unies) pour la santé publique créée en 1948. Cette organisation a pour but d’améliorer la santé future et les perspectives d’avenir de tous les pays du monde et de les amener ainsi au niveau de santé le plus élevé possible. Selon la constitution de l’OMS « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »

Les différents éléments de danger auxquels l’enfant est exposé constituent la maltraitance, qui est définie par l’OMS comme «toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, ou d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé des enfants, leur survie, leur développement ou leur dignité dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir.»

Nous allons donc étudier dans cette partie les différents types de danger, les signes comportementaux visibles chez l’enfant et les conséquences de ces dangers.

 

Tableau de Grace Carpenter Hudson : "Anxious Moments"

Les quatre types principaux sont les violence sexuelles, les violences physiques, les violences psychologiques et la négligence, nous allons également traiter le syndrome de Münchhausen par procuration.

  • Violences sexuelles

 

D’après l’OMS, les violences sexuelles correspondent à “ tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avances de nature sexuelle, ou actes visant à un trafic ou autrement dirigés contre la sexualité d’une personne en utilisant la coercition, commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais sans s’y limiter, le foyer et le travail.”

Les violences sexuelles contre les enfants sont une grave violation des droits de l'enfant. Ces violences peuvent être sous forme d’abus sexuels, de harcèlement, de viol ou d’exploitation sexuelle dans la prostitution ou la pornographie. Une autre forme moins répandue de violence sexuelle a lieu lorsque les parents forcent l’enfant à regarder des vidéos pornographiques. Il peut également s’agir d’appels téléphoniques obscènes, d’outrage à la pudeur, de voyeurisme ou d’exhibitionnisme.

 

Signes révélateurs de violences sexuelles 

 

Certains signes physiques sont évidents comme une découverte de lésions génitales ou périnéales, un saignement vaginal ou rectal, une infection génito-urinaire ou une maladie sexuellement transmissible.

Le plus souvent les signes sont indirects, ils peuvent apparaître sous différentes formes :

  • Symptômes dépressifs

  • Troubles du sommeil, troubles alimentaires

  • Baisse de l’efficience scolaire

  • Inhibition intellectuelle, affective ou sociale, voire véritable phobie sociale

  • Refus d’être déshabillé notamment lors d’examens médicaux

  • Attitudes agressives ou provocations à connotation sexuelle

  • Troubles des conduites addictives (toxicomanie, boulimie, hyperphagie aboutissant à une obésité, ...)

  • Une grossesse (chez l’adolescente)

  • Violences physiques

 

La violence physique correspond à tout acte qui attaque l’intégrité physique de l’enfant et met parfois sa vie en danger.  

Il y a différentes manière de violenter un enfant :

  • Le blesser en le battant, le mordant, le brûlant, le frappant à coups de poings, de pied ou avec un objet

  • En l’étouffant, l’étranglant

  • En poussant l’enfant, en le jetant par terre ou ailleurs, le secouant violemment (ce qui peut notamment causer chez les nourrissons une cécité visuelle, de l’épilepsie ou d’autres séquelles irréversibles, dans de nombreux cas cela entraîne même le décès de l’enfant)

  • En le séquestrant et l’attachant

  • En le mutilant

 

L’agression physique la plus extrême est évidemment l’homicide, l’assassinat.

 

Signes révélateurs de violences physiques :

 

Les signes de violences physique ne sont pas toujours apparents, ce qui rend parfois difficile de déterminer la présence de violences à l’égard d’un enfant. En effet les parents ou autre adulte responsable de l’enfant fournissent une histoire souvent inexacte pour deux raisons, soit ils ne sont pas au courant, soit ils sont les auteurs de ces violences. Les enfants, eux, sont souvent trop jeunes, effrayés ou en trop mauvais état pour en parler.

Il faut donc être très attentif pour savoir si oui ou non l’enfant est victime de sévices physiques. Les signes seront notamment :

  • Des blessures chez des nourrissons qui ne marchent pas

  • Des blessures inexpliquées par l’histoire rapportée par les parents ou le tuteur

  • Des blessures multiples ou qui atteignent plusieurs organes

 

Ces blessures se remarquent le plus souvent sur la peau, mais certaines blessures graves peuvent être situées au cerveau, à l’abdomen ou aux organes internes. Lorsque l’enfant n’a qu’une seule blessure, cela n’est pas tout de suite associé à un diagnostic de violence, il faut donc un examen objectif et exhaustif avant de diagnostiquer un cas de violence.

  • Violences psychologiques :

 

Parmi les formes de maltraitance, la maltraitance psychologique est particulièrement difficile à enrayer, parce qu’elle est difficilement décelable. La directrice de l’association SOS villages d’enfants déclare qu’il faut « aider les parents à prendre conscience qu’il y a maltraitance ; certains n’en sont parfois pas conscients, ayant été eux-mêmes traumatisés… ». Cette prise de conscience est un grand pas vers l’arrêt de la maltraitance.

Cette forme de violence est toujours associée aux autres formes de maltraitance et en fait partie intégrante. Son effet est particulièrement destructeur notamment à travers des agressions verbales.

 

La maltraitance psychologique peut être exercée généralement sous 6 formes différentes (d’après l’APSAC, American Professional Society of the Abuse of Children, 1995) :

  • Le rejet de l’enfant, le parent considère les demandes de l’enfant comme n’étant pas légitimes

  • Le dénigrement (souvent associé au rejet), le parent cherche ici à dévaloriser et à rabaisser l’enfant

  • La création d'un climat menaçant, hostile ou imprévisible visant à terroriser l’enfant

  • L’isolement ou le confinement, le parent cherche ici à couper l’enfant de ses contacts sociaux habituels et le plonge dans un sentiment de solitude extrême en lui affirmant qu’il n’a personne sur qui compter en dehors des gens qui le maltraitent

  • L’indifférence, le parent ne répond à aucune demande affective de l’enfant

  • L’exploitation, le parent va chercher à valoriser des comportements antisociaux et déviants

 

Un enfant qui est victime de violences psychologiques peut également présenter un grave sentiment d’angoisse, de dépression ou de repli sur soi, avoir des tendances suicidaires ainsi qu’une agressivité très forte, ou même présenter un retard dans son développement physique, affectif ou intellectuel.

Dans les familles où les parents font subir à l’enfant des violences psychologiques, il y a généralement une dimension intergénérationnelle, on retrouve souvent ce même type de maltraitance entre les parents maltraitants et leurs propres parents.

Avec de telles familles, il est souvent très dur pour les thérapeutes d’établir une alliance car même certains professionnels peuvent avoir l’impression d’être maltraités par ces parents ce qui peut mobiliser en eux des contre-attitudes et mettre de ce fait en péril l’avenir des soins attribués à l’enfant.

  • Négligence :

 

Il y a négligence lorsque les parents ne prennent pas soin de leur enfant et ne satisfont pas ses besoins de développement et ses besoins physiques, émotionnels ou psychologiques et que cela lui cause du tort.

La négligence peut être sous différentes formes, notamment :

  • L’enfant ne reçoit pas une alimentation adéquate, des vêtements appropriés au climat, un foyer propre et où il est en sécurité.

  • Les parents laissent l’enfant seul et sans surveillance.

  • Les parents ne font pas soigner leur enfant qui est donc privé de soins médicaux lorsqu’il en a besoin.

  • L’enfant ne reçoit aucun soutien affectif, aucun amour ni affection de la part de ses parents.

 

La négligence est un phénomène nettement hétérogène qui peut varier sur la forme, la gravité ou encore la chronicité. La négligence à l’égard des enfants est souvent involontaire de la part des parents. En effet il est possible que certains facteurs les empêchent de s’occuper convenablement de leur enfant. Il existe un grand nombre de pratiques parentales qui varient selon les cultures, il faut donc les comprendre et bien les évaluer avant de diagnostiquer un cas de négligence.

Signes révélateurs de négligence

  • L’enfant a une mauvaise hygiène, des habits sales ou inadaptés pour la saison, il est affamé. Son apparence est négligée et son poids insuffisant.

  • L’enfant a des problèmes de croissance, un retard de développement ou un retard staturo-pondéral.

  • On peut observer chez l’enfant des problèmes dermatologiques chroniques (érythème fessier).

  • L’enfant fait preuve de comportement de retrait social ou de repli sur soi, de comportements délinquants, mais également d’un état dépressif, de tristesse ou d’anxiété.

  • L’enfant a une mauvaise image de lui-même ou encore une image négative des autres personnes, ses relations avec les autres sont particulièrement médiocres.

  • L’enfant fait preuve de difficultés au niveau de la concentration ou de problèmes d’attention.

  • Syndrome de Münchhausen par procuration (SMPP) :

 

Le syndrome de Münchhausen par procuration, parfois appelé syndrome de Meadow, est une affection mentale découverte en 1977 par le pédiatre anglais Roy Meadow. Les adultes qui possèdent ce syndrome vont provoquer, et ce de manière délibérée, des problèmes de santé sérieux et répétés à l’enfant qu’ils ont à charge. Après l’avoir blessé, ils le conduisent auprès d’un médecin ou d’un service de soins médicaux afin d’attirer la compassion et l’empathie de personnes extérieures.

Le diagnostic de SMPP repose sur quatre critères :

  • Les enfants ont des maladies ou blessures produites par un parent.

  • Les parents, ou uniquement l’un des deux, demandent de façon insistante aux médecins d’examiner et soigner leur enfant, ce qui entraîne des procédures thérapeutiques multiples.

  • Le parent responsable nie être en connaissance de la cause de la maladie ou blessure.

  • On observe une disparition des symptômes quand l'enfant est séparé du parent responsable.

 

Ces symptômes convainquent les médecins par l’ingéniosité avec laquelle ils ont été parfois fabriqués, falsifiés ou inventés. Le parent peut utiliser différentes techniques, comme par exemple :

  • La création de vraies hémorragies notamment par administration d’anticoagulants, ou de fausses hémorragies en ajoutant du sang animal ou des colorants dans les prélèvements.

  • Le parent va causer des crises comitiales en appuyant sur les carotides.

  • Il peut également provoquer une hypoglycémie en injectant de l’insuline à l’enfant.

  • Le parent administre des substances émétisantes qui causent des troubles digestifs.

  • Une falsification des prélèvements sanguins et urinaires en y ajoutant du sel, du sucre, de l’albumine ou des toxiques divers.

LEXIQUE :

Périnée : Le périnée est une région du corps traversée notamment par des voies génitales.

Rectum : Le rectum est une partie du corps qui s’ouvre à l’extérieur par l’anus.

Staturo-pondéral : Relatif à la taille et au poids.

Erythème fessier : Irritation cutanée du nourrisson, atteignant la région recouverte par les couches.

Crises comitiales : Crise d’épilepsie.

Carotide : Branche de l'aorte qui porte le sang à la tête et au cerveau.

Émétisant : Qui  provoque le vomissement.

Albumine : Substance organique protéique, visqueuse à l'état pur, soluble dans l'eau, coagulable par la chaleur, contenue dans le blanc d'œuf, le plasma sanguin, le lait, etc.

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